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Sous-marins nucléaires  : l’accord Aukus fragilisé par Washington




Vendredi 13 Juin 2025


Naval Group évincé, Aukus en panne : l’Australie pourrait payer au prix fort un mauvais calcul industriel.



Naval Group : une solution sacrifiée devenue alternative crédible

En 2021, l’Australie a fait un choix lourd de conséquences : abandonner son contrat de 56 milliards d’euros avec Naval Group pour entrer dans l’alliance Aukus. Objectif affiché : accéder à la technologie nucléaire américaine et britannique, via l’achat de sous-marins de classe Virginia, puis la co-construction d’un nouveau modèle avec Londres. Coût estimé : 204 milliards d’euros sur trente ans.
Mais quatre ans plus tard, le programme est embourbé. L’industrie navale américaine n’est pas en capacité de produire les sous-marins promis dans les délais. Et le Pentagone a lancé un audit pour réévaluer sa participation. En clair : les États-Unis réfléchissent à un désengagement partiel ou total.
La conséquence directe : Canberra a engagé ses ressources dans une dépendance stratégique sans garantie opérationnelle. En février 2025, l’Australie a déjà débloqué 500 millions de dollars américains (soit environ 466 millions d’euros) pour soutenir les chantiers navals américains. Une somme qui pourrait s’évaporer en cas de revirement.

 

 
 

Le contrat initial avec Naval Group, rompu en septembre 2021, prévoyait la construction locale de douze sous-marins conventionnels de type Barracuda, adaptés aux spécificités australiennes. Le chantier devait générer des milliers d’emplois dans la filière maritime, avec des retombées économiques mesurables à moyen terme.
Depuis, Naval Group a poursuivi la production pour la marine française, avec un calendrier maîtrisé et une technologie éprouvée. De son côté, l’Australie n’a toujours pas entamé la production du moindre sous-marin Aukus.


Un écosystème naval sous perfusion américaine

Le modèle Aukus repose sur un transfert massif de technologies, une coopération trilatérale, et une montée en puissance du tissu industriel australien. Mais cette montée en charge est compromise. Canberra n’a ni les infrastructures, ni les compétences qualifiées pour assumer la co-production de cinq sous-marins à propulsion nucléaire.
La réalité actuelle : l’Australie investit massivement dans une filière dont elle ne contrôle ni les délais, ni les standards techniques. Le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth, l’a dit clairement début juin 2025  : sans une hausse des dépenses militaires à 3,5 % du PIB, il sera difficile pour l’Australie de conserver sa place dans le projet.
Aujourd’hui, l’effort australien plafonne à 2 % du PIB. Et le gouvernement refuse d’aller plus loin à court terme. Résultat : le projet Aukus devient instable, tant sur le plan stratégique qu’industriel.

 

 
 

Depuis la rupture avec la France, l’Australie s’enfonce dans un coût d’opportunité colossal. Aucune livraison, aucun calendrier ferme, mais une dépendance grandissante à un partenaire prioritairement orienté vers ses propres intérêts.
Pour les analystes du Hudson Institute, le message est clair : « Si l’Australie ne s’aligne pas sur les attentes budgétaires américaines, le pilier sous-marin d’Aukus pourrait être suspendu ». Dans les faits, cela signifierait des milliards engloutis sans retour industriel, ni sécuritaire.


Grégoire Hernandez




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